Maïs : le Mexique à l’heure des choix
Les échanges commerciaux entre le Mexique et les USA ont triplé depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA (1) en 1994, pour atteindre 531 Mds$ en 2015. Mais l’excédent américain de 1.9 Mds$ s’est transformé sur la période en un déficit de 58 Mds$. Le Mexique vend en effet plus de machines et de voitures aux USA que l’inverse. Trump souhaite donc rééquilibrer les choses. Mais si on considère le seul secteur agricole, les flux ne sont que de 39 Mds de dollars et les échanges sont assez équilibrés (déficit de 3 Mds pour les USA). Le Mexique est le deuxième fournisseur des Etats-Unis sur les denrées agricoles (21 Mds$), lui vendant essentiellement des fruits et légumes (9 Mds$) et des boissons (notamment de la bière et de la Tequila pour 2.7 Mds$). A l’inverse, le Mexique est le troisième débouché agricole pour les USA (18 Mds$) et notamment son plus gros client en maïs (2.3 Mds$), porc, tourteaux de soja et blé. L’ALENA a en effet ruiné l’agriculture céréalière du Mexique. Des mesures de protection pour les produits sensibles, les éléments de base de l’alimentation des mexicains (maïs et haricots) avaient été prévues, mais n’ont jamais été appliquées. Les prix américains du maïs étant plus bas en raison de coûts de productions inférieurs (subventions, productivité), l’importation de la céréale a explosé. Le Mexique est ainsi devenu le deuxième importateur mondial de maïs (après le Japon) et sa proximité avec les USA en fait un client « naturel ». Taxer la céréale, alors que les USA croulent sous les stocks, semble malvenu. De plus, cela pourrait accélérer la restructuration du secteur agricole voulu par le gouvernement mexicain. Enfin, le Brésil et l’Argentine, mais aussi l’Ukraine (ce qui serait embêtant pour l’U.E), peuvent prendre le relai pour approvisionner le pays. D’un autre côté, taxer la Téquila ou la Corona reviendra à faire monter leur prix sur le marché intérieur américain, ce qui risque de faire grincer des dents les consommateurs. Bref, utiliser l’arme agricole dans les négociations avec son voisin pourrait se révéler contre-productif.
(1) ALENA : Accord de libre-échange nord-américain (USA, Canada, Mexique), couvrant environ 480 millions
d’habitants.
Vigie-mp.com, zoom marchés, février 2017